La grande maison




Chère famille,
Sous cette ligne, n’hésitez pas à écrire tous ce que vous voulez et ce que vous savez sur cette partie des Gaumes, histoire du lieu, description, anecdotes,
(ou mêmes photos, dessins).
(ou mêmes photos, dessins).
La photo du haut
1968 (?)
La 4e génération aux Gaumes
Aymeric, Dominique dans la remorque; Hubert et Philip sur le tracteur
La 2e photo:
1948:
les travaux dans la grande maison et la terrasse.
Photo prise par Francois Rouyer en visite chez sa soeur Ginette. On reconnait Annick Castagné derrière le mur, devant elle Nanik, à côté Brigitte qui avait donc 20-21 mois à l'époque.
La 3e photo:
1954
départ en excursion
de gauche à droite: Max, Nicole, derrière elle ? peut-être un de la Soudière, Nanik, Jean de Kergommeaux, Maylis, Gaëtane, derrière elle ?
La 4e photo:
1950 (?)
entrée des Gaumes avec l'éolienne
Max et Henri
Gde Maison
17/7-06, Annick
La Grande Maison
A l’achat des Gaumes cette maison était vraisemblablement la maison principale, centre de l’exploitation agricole des Gaumes, avec deux bâtiments de ferme dans la cour, la grange et la buanderie. Plusieurs métairies étaient rattachées à la propriété. Qu’était alors l’ensemble qui de notre temps s’appelera « la ferme » ? Une métairie ? ou bien vraiment la ferme des Gaumes ?
Années 1920-30-40
Dans le contrat de vente des Gaumes signé au mois d’octobre 1923 il est spécifié que la prise de possession se fera le mois de septembre suivant (pour raisons agricoles? ou autres ?).
Lorsque Gaston de Beauchaine signa le contrat il avait déjà dû prévoir la construction d’une maison de maître plus conforme à ses goûts et à ses besoins. Il devait considérer comme indispensable à son standing social et aux habitudes de sa famille d’avoir une maison plus bourgeoise que cette grosse maison rustique entourée de bâtiments utilitaires. Ce fut donc le Chalet. Les enveloppes du courrier de l’époque porte souvent la mention « Chartreuse des Gaumes ». De quelle maison s’agit-il ? La maison de la cour qui, en fait, ne correspond pas à l’acception actuelle de ce que représente une chartreuse ? mais qui peut-être correspond à son standing avec terrasse et salon ? ou bien le Chalet, maison qui refuse le style campagnard et s’entoure d’un parc ?
Que fit le nouveau propriétaire de la grande maison? Il y logea sa mère, Thérèse de Beauchaine, qui elle-même ne pouvait se séparer de son fils Robert,handicapé léger. Après la vente forcée de la Bertinie en 1908 ( ?) Thérèse, femme de Max et mère de Gaston, avait habité dans différents endroits en Dordogne, au château de Pouyolles, plus tard au « Puy », près de Ribérac.
Thérèse que notre génération appelait « la vieille grand’mère » habitera donc la maison de la cour aux Gaumes de 1925 à sa mort en 1943 (cf photo sur le pas de la porte).
Cette maison devait être assez agréable avec ses trois pièces donnant sur la terrasse. Celle-ci se terminait sur le chemin en dévers qui passait entre la grange et la terrasse pour permettre le passage des charettes. (cf photo) Deux jeunes architectes, amis de Philip et Anna, étudièrent la charpente du toit et en déduisirent que la maison avait dû être bâtie en trois étapes : d’abord la partie le long de la cour (entrée actuelle sur la cour et la partie cuisine-chambre de Gaëtan et Ginette) ; puis ensuite le bâtiment non contigu avec la première partie, formant le salon et le petit salon ; et enfin la partie centrale (salle de séjour de Gaëtan et Ginette, cuisine actuelle). Cette hypothèse semble se confirmer car lorsque Aymeric Verley fit les transformations de la maison vers 2000, il découvrit l’emplacement d’une porte extérieure entre la piÈce faisant office d’entrée actuellement et la cuisine/salle de séjour. On le voit à l’entourage de pierres d’une porte extérieure. Cette partie avait donc dû être la ferme d’origine, de taille modeste. La deuxiÈme construction semble avoir été une construction traditionelle dans la région, sans doute pour rehausser le standing de la maison en en faisant un salon et petit salon donnant sur une terrasse fermée, séparée des espaces de l’exploitation agricole. La dernière construction fut à l’origine une vaste cuisine de campagne avec une porte (devenue fenêtre en 1948) qui donnait sur la cour centrale. La partie la plus ancienne devint une série de chambres. A notre retour du Maroc en 1946 nous avons occupé certaines de ces chambres. Je me les rappelle comme sombres et tristes.
Nous sommes plusieurs des arrières petits-enfants à nous rappeler « la vieille grand’mère » dans cette maison. Pour Nicole le souvenir des bons moments qu’elle a passés aux pieds de cette grand’mère à jouer avec tout ce qui se trouvait dans une boîte à trésors l’a poussée à reconstituer une même boîte pour ses petits-enfants. Je me souviens de son cornet à l’oreille dans lequel il fallait crier quand on lui disait bonjour. De toutes facons elle ne devait guère entendre (maintenant que j’ai l’âge d’avoir ce genre de surdité je sais que les appareils n’aident guère, sans doute encore moins les cornets !). En tous cas il est raconté que son fils Robert, énervé par les remontrances de sa mère, lui aurait un jour crié « merde » dans le cornet. Elle vécut jusqu’à plus de 90 ans. Jacques, son petit-fils, la trouva morte sur son fauteuil au coin de la cheminée.
La terrasse existait donc à l’achat des Gaumes mais en plus petit. Gaëtan la prolongea jusqu’au mur de la grange, supprimant le chemin et faisant construire le grand escalier où sont prises tant de photos de famille. Des trois pièces donnaient en enfilade sur cette terrasse, la première fut d’abord cuisine, puis salle de séjour de 1948 à 1998 et à nouveau cuisine, cette fois-ci combinée à la salle de séjour. La seconde pièce, le salon, semble toujours avoir été la pièce d’apparat. La dernière petite pièce était à l’époque de la « vieille grand-mère » la chambre de l’Oncle Robert. Après les travaux de 48 elle devint la chambre de Micheline puis, les enfants partis, ce fut un petit salon, très utilisé à l’époque des bridges de Gaëtan et Ginette. Elle est maintenant une bibliothèque avec la télévision.
Changement de génération, 1948
1948 : Gaëtan a alors 44 ans, c’est à dire à peu près l’âge de son père, Gaston, quand celui-ci fait construire le Chalet. Il vient d’acheter Les Gaumes à son père. Ses parents restent au Chalet, le ménage des Lancesseurs dans la petite maison du haut, l’Oncle Guy dans sa chambre à la ferme. Gaëtan s’installe définitivement avec sa famille dans la grande maison de la cour. Il lui faut de la place pour ses enfants, Ghislaine, 20 ans, Micheline 18, Nicole15, Max 14, Nanik 12, et Brigitte 2. Véronique naîtra en 1950. Il rénove entièrement la grande maison. Il y mourra à 90 ans en 1995.
La vielle partie comprenant des chambres distribuées le long d’un couloir fut totalement renovée. Contigue à la nouvelle salle de séjour/ancienne cuisine, une cuisine fut construite. Gaëtan avait dans l’idée une petite cuisine ouverte sur l’arrière. Du côté de la cour il y aurait eu une entrée assez spacieuse. Sa femme, Ginette, insista –heureusement- pour que la cuisine prenne tout cet espace, afin d’être grande et claire, ouverte à la fois sur la cour er sur l’arrière qui amenait au potager. Par contre elle-même regrettera toujours qu’une maison aussi grande n’est même pas d’entrée. Je me souviens encore que l’on racontait que papa avait absolument voulu qu’une cheminée soit construite dans la nouvelle cuisine parce que, pour lui qui ne savait pas plus que de se faire son oeuf-sur-le-plat tous les matins, il n’y avait pas de cuisine sans cheminée. Sa femme pensait autrement mais en vain. Cheminée il y eut. Elle fut utilisée comme hotte pour la cuisinière à gaz, la cuisinière à bois étant à côté. Au cycle de transformations suivant, 50 ans plus tard, ce fut avec beaucoup de mal que le conduit de cette cheminée en béton fut détruit. A ce jour, une partie en reste dissimulé derrière les portes d’un placard. Le béton des années 40 est particulièrement costaud..
Comment loger une famille de six enfants et une bonne? En bas il y eut la chambre des parents avec salle de bain ainsi que deux petites chambres, l’une étant pour les jeunes enfants, plus tard salle à manger des enfants pendant l’été, et l’autre, minuscule, pour Mélina. Deux chambres furent construites dans le grenier, jolies et spacieuses mais très chaudes l’été et très froides l’hiver. Nicole et moi partagions la chambre donnant sur la terrasse avec une vue sur la vallée que j’aimais énormément. Elle devitn plus tard celle de Brigitte. L’hiver, je me souviens avoir trouvé des champignons poussant dans les interstices du mur sous la fenêtre exposée plein ouest et battue par le vent et pluie. Deux cabinets de toilette, sans eau, furent aménagés en liaison avec ces chambres. Gaëtan n’a jamais compris le développement des habitudes d’hygiène amenant à la folie d’une douche par jour. Lui-même était toujours d’une propreté méticulleuse. En rentrant de son travail à l’extérieur vers 5 h du soir il disparaissait dans sa salle de bain et en ressortait pour le thé au coin du feu, impeccable. Son luxe personnel était l’achat périodique d’une éponge naturelle. Il prenait un bain hebdomadaire. Dans les années 1960, lorsque nous étions plusieurs jeunes ménages à venir l’été avec une ribambelle de jeunes enfants, le manque de salle de bain se faisait de plus en plus sentir. Je me vois encore donnant le bain du soir à Caroline et Dominique dans un tub en fer blanc sur la pelouse de la cour en amenant de l’eau tiède avec un broc et papa me disant que c’était ridicule de baigner des enfants de cet âge tous les jours. . Les années passant, il fit des concessions aux idées modernes. Sans doute sous la pression de ses enfants adolescents, il fit amener l’eau dans l’un de ces cabinets de toilette. Une année de grand froid, après sa mort, en 1998 je crois, la maison étantt alors vide, les tuyaux éclatèrent dans ce cabinet de toilette éloigné de tout et l’eau s’engouffra à travers le plafond pour se venir déverser sur le grand tapis du salon. Il bricola lui-même une salle de bain/WC de fortune dans le grenier (photos ?). Il posa une baignoire et un lavabo de fortune ainsi qu’un siège de toilette directement sur un plancher que l’âge faisait onduler. Le système d’approvisionnement d’eau de la grande maison (eau en provenance du bassin situé à peine plus haut que le grenier) faisait que, lorsqu’un seul robinet était ouvert au rez-de-chaussée, il n’y avait plus d’eau en haut. Combien de fois n’avons nous pas entendu des cris provenant du grenier pour demander d’arrêter de tirer de l’eau en bas afin de pouvoir terminer ses ablutions, pourtant bien modestes. Lorsque l’on prenait son bain on avait devant soi les rangées de vieux romans accumulant la poussière sous les poutres.
Gaëtan avait lui-même installé l’électricité dans les Gaumes en 1939. J’ai trouvé le livre de technique dont il s’était servi. Cela a bien marché pendant un demi-siècle. Les dernières années, après l’installation de fortune de la salle de bain/wc du grenier, si l’on voulait allumer la nuit lorsque l’on allait utiliser les facilités de la salle de bain du grenier, il fallait trouver le fil avec un bouton ventouse qui pendait en l’air et, si possible, éviter la décharge éventuelle.
La tradition d’hospitalité du Chalet se poursuivit dans la grande maison. Nous pouvions toujours amener nos amis aux Gaumes. Et il était évident que les cousins étaient toujours les bienvenus. Il ne nous est jamais passé dans nos têtes d’adolescents que nos parents, avec déjà pas mal d’enfants, deux employés tous les jours à table, parents, oncle et tante agés tout à côté, puissent trouver un peu trop que leurs enfants arrivent de leur internat pour des vacances avec un nombre variable de cousins ou amis. Nous avions une grande maison, beaucoup de chambres, une table immense, une cave à pomme de terre remplie de provisions, un poulailler, un potager, des bois, un étang, des granges, une Mélina au regard accueillant dans sa cuisine, la sécurité de deux parents. Parties de cartes sur la terrasse. Ballades en bicyclette avec les éternels problèmes de pneus crevés et de qui prend quel vieux clou. L’apprentissage de la conduite sur le tacot acheté pour cela par papa jusqu’à ce qu’il finisse dans le fossé. Pour moi, les Gaumes de mon adolescence sont avant tout les frères et soeurs ainsi que les cousins, une grande liberté de mouvement et de choix d’activités. Les parents étaient une autorité qui assurait la sécurité mais n’entravait pas les journées. Notre monde était sans doute très limité mais je ne me souviens pas en avoir souffert. La première fois de ma vie que j’ai téléphoné c’était à l’âge de 16 ans, à mon premier voyage à Paris, en 1950. Quand a-t-on eu le téléphone aux Gaumes ? Je ne me rappelle pas. L’appareil était dans la salle de séjour et les conversations, surtout à l’heure des repas, ne pouvaient guère être discrètes.
Plus tard ce fut les surprises-parties, les piques-niques de jeunes etc... etc... Il n’était pas moins évident que nous pouvions toujours amener quelqu’un que ce soit pour une brève visite ou pour un séjour – dans la mesure où nous respections les règles de la génération des parents, ce qui n’était pas toujours évident. (photo vélos) Un été, à mon retour d’une année en Angleterre en passant par Amsterdam voir une amie, j’avais trouvé normal d’inviter aux Gaumes toute la famille des Hollandais chez qui j’avais passé quelques jours. Ils étaient cinq. Ils m’avaient ramenée en voiture depuis Amsterdam en profitant pour aller voir ce qui était le pays de leurs ancêtres. En arrivant je découvris qu’il y avait au même moment une autre famille de passage, les Dessalien, anciens amis du Maroc, cinq personnes également. Tout le monde trouva à se loger. Même le divan ancien du salon fut utilisé. Le lendemain, cette hollandaise aida maman à me faire en un jour une robe longue pour le bal des 18 ans de Marie-Hélène de Montferrand. J’y emmenai mon amie hollandaise. Le diner avait lieu dans le souterrain et nous avons dansé dans les salons du château avec toute la joie de nos 18 ans.
Que de gens sont passés dans cette grande pièce où nos parents étaient assis après chaque repas chacun d’un côté de la cheminée ! (photo des parents et de la cheminée). Lorsqu’il s’agissait d’une occasion un peu spéciale, après le café, papa allait chercher ses bouteilles dans l’armoire du coin. Il ne comprenait plus rien quand sa fille de 20 ans, Nicole, choississait un cognac au lieu d’une liqueur de dame. Et une autre de ses filles voulait étudier la politique. Le monde à l’envers !Une année il nous installa un filet de volley-ball. Cela ne fut pas un grand succès. Cela le chiffonait que nous ne puissions jouer au tennis aux Gaumes. Lui-même avait beaucoup joué, que ce soit sur le tennis de fortune fait dans les années 1930 sous la terrasse (photo) ou à Jean-du-Claud, chez sa belle-mère, plus tard au Maroc. Les nouveaux propriétaires de Jean-du-Claud, les Dickson, nous permettaient bien de venir jouer à notre gré sur le tennis qui avait été celui de nos parents. Néanmoins, Gaëtan voulait nous aménager notre propre tennis. Il le fit finalement vers la fin des années cinquante. Il ne pouvait se permettre de le faire que de la facon la plus simple possible. La surface nécessaire fut aplanie dans le pré de l’étang, une plaque de goudron étendue dessus, un grillage dressé autour et voulà. Ce fut quelques belles années avec cet ensemble étang et tennis. Une lutte incessante devait être menée contre la force des mauvaises herbes s’immiscant à travers le goudron. C’était peine perdue et peu à peu la prairie regagna le terrain. Le grillage subsista, préservant un espace où l’herbe poussait librement, puis les buissons et enfin de véritables arbres. I l y a maintenant près de l’étang un bois bizarre de parfaite forme rectangulaire.
Une autre époque 1960-90 : Jeunes ménages et petits enfants
Gaëtan et Ginette virent les 29 petits-enfants arriver entre 1957 à 1986. Dans les années 60, Gaëtan et Ginette encore en pleine activité, Brigitte et Véronique adolescentes, les Gaumes voyaient arriver l’été quatre ou cinq familles avec jeunes enfants venant de divers coins de France, du Maroc, d’Angleterre, d’Autriche et, plus tard, de Suède. Nous trouvions tout à fait naturels d’être tous recus chez les parents avec notre marmaille. Dans les nombreux bons souvenirs de cette grande maison il faut compter « la petite salle à manger », aménagée dans la pièce qui fut la chambre de Brigitte et Véronique enfants. Maman arrangea cette pièce pour les repas des petits-enfants. Ils devaient bien être une dizaine. Elle établit une liste de règles amusantes qu’elle épingla au mur. La pièce a directement accès sur la cour. C’était épatant de pouvoir donner à manger aux enfants loin de la salle à manger des adultes où régnaient d’autres règles puis de les laisser s’échapper dans la cour pendant qu’à notre tour nous pouvions déjeuner tranquillement dans la grande pièce. Je me souviens de l’étonnement de Mélina devant Caroline, alors 18 mois, qui pouvait réclamer verre après verre de lait frais, le lait que l’Oncle Guy venaient de traire. « Mais cela ne peut pas être bon pour cette enfant de boire tant de lait ! Elle est bien assez grande pour boire autre chose. Il lui faut de l’eau colorée par un peu de vin. Cela donne de la force » Et papa venait parfois faire un tour et insistait pour que chacun de nos enfants ait sa tranche de pain, habitude inconnue des pays où nous vivions, que ce soit l’Angleterre, l’Autriche ou la Suède.
Longtemps tous les repas étaient pris à la grande table gothique de la salle de séjour.
Bien plus tard, la petite pièce rajoutée en 1948 à côté de la cuisine comme chambre de Max fut transformée en salle à manger de tous les jours. Elle devint de plus en plus sombre et humide. Dans les années 2000 et à la prochaine rénovation elle fut transformée en préau. Là encore ce fut un travail énorme de détruire des contreforts en béton qui avaient été rajoutés lorsque ce petit bâtiment s’écartait du mur principal à la suite des premières années de sécheresse des années 1980...
La grande maison a été la maison d’enfance de Brigitte et Véronique. Véronique est née dans la grande maison elle-même, comme d’ailleurs Bertrand de Beauchaine 5 ans avant, en 1946, à l’époque où son père, Jacques de Beauchaine s’occupait des Gaumes. Comme une des soeurs ainées, je me rappelle d’elles comme les deux petites soeurs que nous retrouviosn aux vacances. Je me souviens avoir été chargée un été de m’occuper de Véronique bébé. Elle avait donc 9-10 mois. J’étais fière d’avoir obtenue cette tâche. J’avais 14 ans. Chacun de nous, les grands, avait eu une tâche attribuée par Maman, aide à la cuisine, ou au bois, sans doute aussi aide avec Brigitte qui avait alors 4 ans. Et bien que ma tâche incluait des aspects moins drôles comme de laver les couches, je trouvais que j’avais eu la part du roi.
C’est à la naissance de Véronique en 1950 que Mélina revint au service de nos parents. Elle avait été de longues années au service de Gaëtan et Jacqueline à Jean-du-Claud, elle avait soignait Jacqueline et s’était occupée de nous, les 5 enfants, ayant aussi ses deux propres enfants, elle m’avait servi de mère puisque, la plus jeune des cinq, j’avais été privée des soins de ma propre mère malade de TB dès l’âge de 14 mois. Mélina alliait bonté et finesse. Lorsque notre grand-mère de Beauchaine nous prit en charge au départ de Gaëtan au Maroc en 1941 nous quittâmes Jean-du-Claud et Mélina retourna dans son village. Ce fut une joie quand nous apprîmes qu’elle revenait 10 ans plus tard. Elle resta chez nous jusqu’à sa retraite vers 1965. Dans la grande maison elle habitait la petite chambre à côté de la cuisine, faisant sa toilette le plus discrètement possible dans la cuisine tôt le matin quand tout le monde dormait ou avec une cuvette dans sa chambre minuscule. Mélina nous montra beaucoup d’affection. On se sentait bien assis dans la cuisine, apprenant les rudiments de la cuisine traditionelle en la regardant faire ou bavardant avec elle de mille questions sur la vie et la nature. Elle avait une grande sagesse. Elle aimait lire des livres de toutes sortes. Le jour de ses 100 ans, ce fut une énorme pile de livres qu’elle recut en cadeau, riant elle-même à l’idée qu’elle n’arriverait guère à les épuiser. J’avais eu le privilège de l’interviewer pour un travail d’ethnologie dans les années 80. Elle me raconta alors la vie d’un village au début du siècle. Elle appartenait à une famille de fermiers relativement aisée. Néanmoins la garde des moutons et des chèvres qui lui incombait passait avant l’école qu’elle aimait pourtant beaucoup. Son instituteur voulait la présenter au certificat d’études avec un an d’avance mais cela échoua pour une question pratique. Dès l’âge de 12 ans elle fut « placée » au service de diverses familles. Elle mourut en janvier 2001 à 101 ans. Le 31 juillet de la même année, en Suède, une fille naissait chez Dominique et Camilla et elle recut le nom de Mélina, par hasard, dit Dominique. Il connaissait un peu Mélina, avait entendu parler d’elle, toujour sen bien, mais n’a pas consciemment fait le rapprochement en choisissant le nom.
Après quelques années il devint évident que la grande maison ne pouvait vraiment plus recevoir tous ces ménages avec leur nombre d’enfants s’accroissant sans cesse. Brigitte s’était mariée en 1970. Nous avons commencer à émigrer dans les autres maisons. Nous avons d’abord utilisé « la buanderie » dans la cour, dite plus tard « la petite maison », comme cuisine-salle à manger pour les jeunes ménages, surtout pour les repas des enfants (cf photos) Bonne-maman (Marie de Beauchaine) est morte en 1972, laissant le Chalet disponible. Les enfants des différentes familles se groupaient en général par âge pour chambres à coucher, repas et excursions. Les cousins étaient nés rationellement : après les ainés (Hugues de Revel et Marie-France Verley) venaient une série de garcons (Thierry et Luc de Revel ainsi que Benoit du Plessis. Les filles ensuite : Joëlle du Plessis et Laurence du Plessis, Bénédicte de Revel, Caroline Sjögren. Ce fut à nouveau les garcons, 4 cousins en 18 mois : Gilles de Revel, Dominique Sjögren, Stéphane de Beauchaine, Aymeric Verley. Et enfin 4 garcons en 7 mois : Philip Sjögren, Hubert Verley, Didier de Revel, Médéric de Beauchaine. Ceux-ci passent la barrière des 40 ans ces temps-ci. Viendront ensuite quelques petits derniers chez nous les ainés (Gonzague de Beauchaine, Alexandre Verley, David Sjögren) ainsi que les enfants de Brigitte (Sophie, Christophe, Geoffroy et Thierry) et de Véronique (Blandine, Armelle, Maÿlis et Arnaud). Avec deux générations successives d’une trentaine de cousins et une tradition de maison ouverte, les Gaumes n’ont jamais manqué d’enfants pour faire des cabanes, jouer dans la grange, grimper aux arbres et casser des pinious.
Gaëtan et Ginette ont donc vécu près de 50 ans dans la grande maison. Elle vieillit avec eux. Le chauffage à gaz avait été installé. La cheminée de la salle de séjour fut fermée pour n’avoir qu’un poèle gardant bien la chaleur, un « insert » dont les portes s’ouvraient, ce qui permettait, tout en brûlant beaucoup moins de bois, de profiter de la vision du feu. C’était sage - et même évident. Mais à nos brèves visites en hiver, nous regrettions les grands feux de bois allumés avec un fageau de petit-bois et entretenu avec d’énormes bûches entreposés dans le coffre gothique. Nous regrettions le thé avec les grillées sur la braise, tartinées ensuite avec des rillettes. Dans la cuisine la cuisinière à bois de la cuisine resta presque jusqu’à la fin la source principale de chaleur, la cuisinière à gaz n’étant qu’un appoint. Bien au delà de ses 80 ans, Gaëtan allait tous les matins remplir sa brouette de bois et l’amenait dans la cuisine, ayant aménagé un système de planches pour lui faire monter les quelques marches de la porte d’entrée. Le toit fuyait et lorsqu’un orage éclatait un certain nombre de seaux et casseroles appropriés étaient mis aux endroits nécessaires. Un jour je parlais à papa, qui avait alors 86 ou 88 ans, de la nécessité évidente de faire refaire les toits de la grange et de la maison. Il argua d’abord du manque d’argent. Je lui dis que, n’ayant plus de filles à marier, le vieil argument pour conserver des bois à couper, il pouvait puiser dans ses réserves de bois, d’ailleurs entrain de devenir trop vieilles. Il reconnut que c’était vrai mais ajouta quelque chose de ce genre: « Mais, ma petite fille, je n’ai plus la force d’arranger tout cela, prendre contact avec des acheteurs, disucter des prix, faire venir des ouvriers, avoir un chantier pendant des semaines, etc... non, c’est trop. » Je ne rajoutai rien, confuse de n’avoir pas compris. Je fus ensuite touchée chaque fois que je vis mon père veiller à l’entretien des Gaumes suivant les forces de son âge : couper la vigne vierge, tailler des buissons, rafistoler un volet, remettre quelques tuiles. Je l’ai vu une fois aller inspecter le toit du garage, marchant avec l’aide d’une canne. Peu après il était grimpé sur ce toit et tenter de faire une réparation mineure. Les maisons ont le droit de vieillir au rythme des leurs occupants. Et, au changement de génération, les grands travaux sont alors mis en route, mieux adaptés aux besoins et au goût des nouveaux occupants.
Gaëtna se désolait parfois ouvertement à l’idée de ce qui arriverait après lui. Personne ne voudrait reprendre les Gaumes. Ginette appuyait en parlant « du tas de ruines » que les Gaumes étaient. Mais elle fut amusée et nous le raconta quand le site des Gaumes fut une fois mis sur le circuit des jolies choses à voir pour un groupe d’amateurs de vieilles pierres.
Je rêve quelquefois au plaisir que ce serait de montrer à nos parents les travaux multiples qui ont été faits de tous côtés après leurs départs, plaisir qui serait sûrement mitigé par des soupirs devant de si folles transformations.
Troisième génération dans la grande maison, à partir de 1995-96
Gaëtan est mort en mars 95, Ginette deux ans plus tard. Elle a vécu quelques mois seule dans la grande maison, Bien que Micheline soit à quelques centaines de mètres de là et s’occupe de tous les repas, il apparut bientôt que c’était impossible. Nicole prit sa mére en charge jusqu’à la fin, au Bouet, centre social où elle travaillait et habitait,.
Dans les partages des Gaumes faits en 1996, la grande maison avait été attribuée à Annick. La maison n’étant pas alors disponible et les réparations nécessaires laissant prévoir qu’elle ne le serait pas encore pendant plusieurs années, la petite maison de la cour, dite la Buanderie, fut également mise dans ce lot.
L’essentiel fut immédiatement mis en route : une complète rénovation de l’électricité. Une vieille dame ne pouvait vivre seule dans cette maison avec au-dessus de sa chambre un grenier vétuste où des conduits électriques vieux de 60 ans courraient le long des poutres.
L’essentiel fut immédiatement mis en route : une complète rénovation de l’électricité.
Les fils électriques courraient quasiment à nu sur les poutres dans le grenier. La presque totalité des interrupteurs et prises était obsolète et avait été remplacée au fil du temps par du matériel de provenance diverse. La plomberie était dans un triste état et fut donc refaite dans la foulée. Le peu de pression du système de distribution d’eau permettait des réparations de fortune (un bout de chambre à air suffisait pour boucher un trou dans la tuyauterie) mais lorsque l’eau de la ville a été branchée, les dites réparations ne tenaient plus et l’inondation assurée. Pascale Bergovits, la compagne d’Aymeric Verley se chargea de la tâche délicate de tout refaire sans encore trop savoir comment un jour ou l’autre la maison serait transformée.
La réparation de la toiture vint après. Eglise Neuve, la commune des Gaumes, a un excellent entrepreneur-menuisier, Jean-Pierre Defreix. Il a la passion des vieux toits et dans ses travaux de rénovation il essait au maximun de respecter le style traditionnel du Périgord. Il garde le plus grand nombre de vieilles tuiles possible pour des raisons à la fois esthétiques et pratiques. Il assure que celles-ci sont bien mieux résistantes au gel que les tuiles modernes et il en recherche la formule de fabrication, en vain jusqu’à ce jour. Mais le plus grand problème avec cet artisan est le temps. Il promet et promet, semaine après semaine, année après année. Pour notre toit, projet aussi urgent qu’important, il fallut attendre deux ans. J’avais longuement discuté avec lui comment faire les fenêtres à ouvrir dans le grenier. Après beaucoup d’hésitation, nous avions décidé de les faire en accord avec la fenêtre de la grange dans la cour, c’est à dire avec un simple entourage en bois. Ce ne fut pas très réussi. En effet l’isolation contraignit à des bords plus épais que prévu. De plus, la fenêtre de la chambre du coin, qui est en dénivelation de 45 cm sur le reste de la maison en facade, fut prolongée en longueur, solution guère heureuse non plus. Néanmoins l’ensemble est chaud et sympathique. Ce sera à la prochaine génération de réparer ces erreurs.
La salle de séjour redevint la grande cuisine qu’elle était jadis. C’était alors la vie de la ferme qui donnait un rôle central à la cuisine. Deux générations plus tard, c’est la vie des jeunes ménages actuels qui amènent au même choix. La terrasse adjacente à cette grande pièce était un argument de plus pour une fusion des activités de cuisine et de séjour. Pendant quelques années, les soirs d’été, en attendant d’avoir la table de jardin nécessaire, on sortait la grande table gothique pour diner en profitant de l’espace de la terrasse et des couchers de soleil.
Les chambres du grenier furent rénovées, une de plus construite. Une nouvelle salle de bain fut faite à l’emplacement où Gaëtan avait installé la salle de bain de fortune. L’escalier fut changé de place, permettant ainsi l’ouverture d’une fenêtre supplémentaire dans la grande pièce, rêve non réalisé de Ginette. L’ancienne cuisine devint une vaste entrée, un luxe que permet la superficie de la maison. Comme la vieille cuisine, elle ouvre à la fois sur la cour et donc l’entrée des lieux mais aussi sur l’arrière de la maison. Elle donne ainsi accès à la véranda aménagée en ouvrant la petite pièce au toit jamais vraiment étanche. On peut y avoir les petits déjeuners au soleil du matin. Plus important pour la vie des vacances, cet endroitdonen sur la piscine. Dernièrement, au printemps 2006, la partie qui était jadis celle des parents, c’est à dire de Gaëtan et Ginette, vient d’être transformée et pourra servir de quartiers d’hiver confortables pour un ménage. La télévision a été installée dans le « petit salon » réaménagé dans ce but. Finie la paix des vacances sans télévision ! Mais les adolescents de la grande maison n’ont plus besoin de squatter les tv-video des maisons avoisinantes.
La piscine, aménagée sur la prairie même où, dans les temps anciens, il y avait eu un jardin potager, illustre le passage du rôle de la campagne de l’agriculture aux loisirs. La piscine ne remplace pas l’étang mais le complète. Elle a moins de charmes, pas de canotage, pas de pêche, pas de constructions hétéroclites, sans compter un entretien très exigeant. Elle est quand même plus pratique, surveillance des petits, pas de vase ni de taon, eau claire et plutôt chaude. L’étang vient d’être curé et ses abords nettoyés. Il va sans doute redevenir le merveilleux terrain de jeux et de découvertes qu’il avait été pour plusieurs générations d’adolescents. Deux autres piscines, les deux démontables l’hiver, ont été mises en place, l’une au Chalet, l’autre chez Max et Marie-José. Les enfants, comme des vols de moineaux, peuvent aller de l’une à l’autre suivant les associations du moment par âge et affinité.
La grande maison est devenu avant tout une maison de vacances, d’utilisation très souple. Elle abrite bien des souvenirs. Deux tableaux d’ancêtres sont dans le salon (photo et noms). C’est maintenant aux enfants et petits-enfants à venir accrocher leurs souvenirs au mur.
LE PUITS
Le puits au milieu de la cour a 25 m. ( ?) de profondeur. Il n’a jamais été vu à sec.
Gaston de Beauchaine y fit bâtir une éolinne (cf photo). Elle amenait l’eau à un réservoir juste au-dessus de l’allée de tilleuls. À son tour ce réservoir alimentait les maisons de la cour et le Chalet ; cela au gré du vent. Les bâtiments de la ferme (les chambres de Guy et Paul) et du haut des Gaumes (chez les Lancesseur) n’étaient pas alimentés par ce réservoir.
Pendant de nombreuses années, Pierre de Lancesseur, le beau-frère de Gaston qui avait la petite maison du haut comme habitation permanente (cf photo) et sa femme « T. Marie Pierre », restaient donc dépendant du puits de la cour. Ils venaient tous les jours remplir une quantité de seaux en tirant l’eau au puits. Adolescents, nous les aidions à remonter la pente avec ces seaux. Ils finirent par construire une citerne adossée à leur maison. Ce fut une grande amélioration.
Gaëtan supprima l’éolienne vers 1955. Il installa un moteur électrique qui mettait en liaison la source près de l’étang et le réservoir. Les deux robinets installés à l’étage de la grande maison avaient une pression, c. à d. un manque de pression, qui établissait une hiérarchie de robinets en service.
L’eau communale fut le stade suivant du confort. Gaëtan l’accepta mais en garda le robinet fermé par mesure d’économie, sauf en cas de panne du moteur – avec la conséquence des tuyaux ne résistant pas à la pression de l’autre système.
Ce ne fut qu’avec les travaux de rénovation des années fin 90 que l’eau communale devint la normale et que l’on abandonna définitivement le moteur de la source qui d’ailleurs tombait régulièrement en panne.
Renouveau du puits : en 2004 Philip Sjögren installa un moteur d’appoint sur le puits pour arrosage et remplissage de la piscine.
Philip rêve de supprimer les lattes de bois autour du puits, ne gardant que le toit et les poutres, ce qui ferait une construction légère telle qu’en construit Stéphane. Sa mère, Annick, s’y oppose, trop de souvenirs étant liés à cet abri tel qu’il est. D’ailleurs, sa disparition enlèverait une cachette essentielle au jeu de la Patate.
17/7-06, Annick
La Grande Maison
A l’achat des Gaumes cette maison était vraisemblablement la maison principale, centre de l’exploitation agricole des Gaumes, avec deux bâtiments de ferme dans la cour, la grange et la buanderie. Plusieurs métairies étaient rattachées à la propriété. Qu’était alors l’ensemble qui de notre temps s’appelera « la ferme » ? Une métairie ? ou bien vraiment la ferme des Gaumes ?
Années 1920-30-40
Dans le contrat de vente des Gaumes signé au mois d’octobre 1923 il est spécifié que la prise de possession se fera le mois de septembre suivant (pour raisons agricoles? ou autres ?).
Lorsque Gaston de Beauchaine signa le contrat il avait déjà dû prévoir la construction d’une maison de maître plus conforme à ses goûts et à ses besoins. Il devait considérer comme indispensable à son standing social et aux habitudes de sa famille d’avoir une maison plus bourgeoise que cette grosse maison rustique entourée de bâtiments utilitaires. Ce fut donc le Chalet. Les enveloppes du courrier de l’époque porte souvent la mention « Chartreuse des Gaumes ». De quelle maison s’agit-il ? La maison de la cour qui, en fait, ne correspond pas à l’acception actuelle de ce que représente une chartreuse ? mais qui peut-être correspond à son standing avec terrasse et salon ? ou bien le Chalet, maison qui refuse le style campagnard et s’entoure d’un parc ?
Que fit le nouveau propriétaire de la grande maison? Il y logea sa mère, Thérèse de Beauchaine, qui elle-même ne pouvait se séparer de son fils Robert,handicapé léger. Après la vente forcée de la Bertinie en 1908 ( ?) Thérèse, femme de Max et mère de Gaston, avait habité dans différents endroits en Dordogne, au château de Pouyolles, plus tard au « Puy », près de Ribérac.
Thérèse que notre génération appelait « la vieille grand’mère » habitera donc la maison de la cour aux Gaumes de 1925 à sa mort en 1943 (cf photo sur le pas de la porte).
Cette maison devait être assez agréable avec ses trois pièces donnant sur la terrasse. Celle-ci se terminait sur le chemin en dévers qui passait entre la grange et la terrasse pour permettre le passage des charettes. (cf photo) Deux jeunes architectes, amis de Philip et Anna, étudièrent la charpente du toit et en déduisirent que la maison avait dû être bâtie en trois étapes : d’abord la partie le long de la cour (entrée actuelle sur la cour et la partie cuisine-chambre de Gaëtan et Ginette) ; puis ensuite le bâtiment non contigu avec la première partie, formant le salon et le petit salon ; et enfin la partie centrale (salle de séjour de Gaëtan et Ginette, cuisine actuelle). Cette hypothèse semble se confirmer car lorsque Aymeric Verley fit les transformations de la maison vers 2000, il découvrit l’emplacement d’une porte extérieure entre la piÈce faisant office d’entrée actuellement et la cuisine/salle de séjour. On le voit à l’entourage de pierres d’une porte extérieure. Cette partie avait donc dû être la ferme d’origine, de taille modeste. La deuxiÈme construction semble avoir été une construction traditionelle dans la région, sans doute pour rehausser le standing de la maison en en faisant un salon et petit salon donnant sur une terrasse fermée, séparée des espaces de l’exploitation agricole. La dernière construction fut à l’origine une vaste cuisine de campagne avec une porte (devenue fenêtre en 1948) qui donnait sur la cour centrale. La partie la plus ancienne devint une série de chambres. A notre retour du Maroc en 1946 nous avons occupé certaines de ces chambres. Je me les rappelle comme sombres et tristes.
Nous sommes plusieurs des arrières petits-enfants à nous rappeler « la vieille grand’mère » dans cette maison. Pour Nicole le souvenir des bons moments qu’elle a passés aux pieds de cette grand’mère à jouer avec tout ce qui se trouvait dans une boîte à trésors l’a poussée à reconstituer une même boîte pour ses petits-enfants. Je me souviens de son cornet à l’oreille dans lequel il fallait crier quand on lui disait bonjour. De toutes facons elle ne devait guère entendre (maintenant que j’ai l’âge d’avoir ce genre de surdité je sais que les appareils n’aident guère, sans doute encore moins les cornets !). En tous cas il est raconté que son fils Robert, énervé par les remontrances de sa mère, lui aurait un jour crié « merde » dans le cornet. Elle vécut jusqu’à plus de 90 ans. Jacques, son petit-fils, la trouva morte sur son fauteuil au coin de la cheminée.
La terrasse existait donc à l’achat des Gaumes mais en plus petit. Gaëtan la prolongea jusqu’au mur de la grange, supprimant le chemin et faisant construire le grand escalier où sont prises tant de photos de famille. Des trois pièces donnaient en enfilade sur cette terrasse, la première fut d’abord cuisine, puis salle de séjour de 1948 à 1998 et à nouveau cuisine, cette fois-ci combinée à la salle de séjour. La seconde pièce, le salon, semble toujours avoir été la pièce d’apparat. La dernière petite pièce était à l’époque de la « vieille grand-mère » la chambre de l’Oncle Robert. Après les travaux de 48 elle devint la chambre de Micheline puis, les enfants partis, ce fut un petit salon, très utilisé à l’époque des bridges de Gaëtan et Ginette. Elle est maintenant une bibliothèque avec la télévision.
Changement de génération, 1948
1948 : Gaëtan a alors 44 ans, c’est à dire à peu près l’âge de son père, Gaston, quand celui-ci fait construire le Chalet. Il vient d’acheter Les Gaumes à son père. Ses parents restent au Chalet, le ménage des Lancesseurs dans la petite maison du haut, l’Oncle Guy dans sa chambre à la ferme. Gaëtan s’installe définitivement avec sa famille dans la grande maison de la cour. Il lui faut de la place pour ses enfants, Ghislaine, 20 ans, Micheline 18, Nicole15, Max 14, Nanik 12, et Brigitte 2. Véronique naîtra en 1950. Il rénove entièrement la grande maison. Il y mourra à 90 ans en 1995.
La vielle partie comprenant des chambres distribuées le long d’un couloir fut totalement renovée. Contigue à la nouvelle salle de séjour/ancienne cuisine, une cuisine fut construite. Gaëtan avait dans l’idée une petite cuisine ouverte sur l’arrière. Du côté de la cour il y aurait eu une entrée assez spacieuse. Sa femme, Ginette, insista –heureusement- pour que la cuisine prenne tout cet espace, afin d’être grande et claire, ouverte à la fois sur la cour er sur l’arrière qui amenait au potager. Par contre elle-même regrettera toujours qu’une maison aussi grande n’est même pas d’entrée. Je me souviens encore que l’on racontait que papa avait absolument voulu qu’une cheminée soit construite dans la nouvelle cuisine parce que, pour lui qui ne savait pas plus que de se faire son oeuf-sur-le-plat tous les matins, il n’y avait pas de cuisine sans cheminée. Sa femme pensait autrement mais en vain. Cheminée il y eut. Elle fut utilisée comme hotte pour la cuisinière à gaz, la cuisinière à bois étant à côté. Au cycle de transformations suivant, 50 ans plus tard, ce fut avec beaucoup de mal que le conduit de cette cheminée en béton fut détruit. A ce jour, une partie en reste dissimulé derrière les portes d’un placard. Le béton des années 40 est particulièrement costaud..
Comment loger une famille de six enfants et une bonne? En bas il y eut la chambre des parents avec salle de bain ainsi que deux petites chambres, l’une étant pour les jeunes enfants, plus tard salle à manger des enfants pendant l’été, et l’autre, minuscule, pour Mélina. Deux chambres furent construites dans le grenier, jolies et spacieuses mais très chaudes l’été et très froides l’hiver. Nicole et moi partagions la chambre donnant sur la terrasse avec une vue sur la vallée que j’aimais énormément. Elle devitn plus tard celle de Brigitte. L’hiver, je me souviens avoir trouvé des champignons poussant dans les interstices du mur sous la fenêtre exposée plein ouest et battue par le vent et pluie. Deux cabinets de toilette, sans eau, furent aménagés en liaison avec ces chambres. Gaëtan n’a jamais compris le développement des habitudes d’hygiène amenant à la folie d’une douche par jour. Lui-même était toujours d’une propreté méticulleuse. En rentrant de son travail à l’extérieur vers 5 h du soir il disparaissait dans sa salle de bain et en ressortait pour le thé au coin du feu, impeccable. Son luxe personnel était l’achat périodique d’une éponge naturelle. Il prenait un bain hebdomadaire. Dans les années 1960, lorsque nous étions plusieurs jeunes ménages à venir l’été avec une ribambelle de jeunes enfants, le manque de salle de bain se faisait de plus en plus sentir. Je me vois encore donnant le bain du soir à Caroline et Dominique dans un tub en fer blanc sur la pelouse de la cour en amenant de l’eau tiède avec un broc et papa me disant que c’était ridicule de baigner des enfants de cet âge tous les jours. . Les années passant, il fit des concessions aux idées modernes. Sans doute sous la pression de ses enfants adolescents, il fit amener l’eau dans l’un de ces cabinets de toilette. Une année de grand froid, après sa mort, en 1998 je crois, la maison étantt alors vide, les tuyaux éclatèrent dans ce cabinet de toilette éloigné de tout et l’eau s’engouffra à travers le plafond pour se venir déverser sur le grand tapis du salon. Il bricola lui-même une salle de bain/WC de fortune dans le grenier (photos ?). Il posa une baignoire et un lavabo de fortune ainsi qu’un siège de toilette directement sur un plancher que l’âge faisait onduler. Le système d’approvisionnement d’eau de la grande maison (eau en provenance du bassin situé à peine plus haut que le grenier) faisait que, lorsqu’un seul robinet était ouvert au rez-de-chaussée, il n’y avait plus d’eau en haut. Combien de fois n’avons nous pas entendu des cris provenant du grenier pour demander d’arrêter de tirer de l’eau en bas afin de pouvoir terminer ses ablutions, pourtant bien modestes. Lorsque l’on prenait son bain on avait devant soi les rangées de vieux romans accumulant la poussière sous les poutres.
Gaëtan avait lui-même installé l’électricité dans les Gaumes en 1939. J’ai trouvé le livre de technique dont il s’était servi. Cela a bien marché pendant un demi-siècle. Les dernières années, après l’installation de fortune de la salle de bain/wc du grenier, si l’on voulait allumer la nuit lorsque l’on allait utiliser les facilités de la salle de bain du grenier, il fallait trouver le fil avec un bouton ventouse qui pendait en l’air et, si possible, éviter la décharge éventuelle.
La tradition d’hospitalité du Chalet se poursuivit dans la grande maison. Nous pouvions toujours amener nos amis aux Gaumes. Et il était évident que les cousins étaient toujours les bienvenus. Il ne nous est jamais passé dans nos têtes d’adolescents que nos parents, avec déjà pas mal d’enfants, deux employés tous les jours à table, parents, oncle et tante agés tout à côté, puissent trouver un peu trop que leurs enfants arrivent de leur internat pour des vacances avec un nombre variable de cousins ou amis. Nous avions une grande maison, beaucoup de chambres, une table immense, une cave à pomme de terre remplie de provisions, un poulailler, un potager, des bois, un étang, des granges, une Mélina au regard accueillant dans sa cuisine, la sécurité de deux parents. Parties de cartes sur la terrasse. Ballades en bicyclette avec les éternels problèmes de pneus crevés et de qui prend quel vieux clou. L’apprentissage de la conduite sur le tacot acheté pour cela par papa jusqu’à ce qu’il finisse dans le fossé. Pour moi, les Gaumes de mon adolescence sont avant tout les frères et soeurs ainsi que les cousins, une grande liberté de mouvement et de choix d’activités. Les parents étaient une autorité qui assurait la sécurité mais n’entravait pas les journées. Notre monde était sans doute très limité mais je ne me souviens pas en avoir souffert. La première fois de ma vie que j’ai téléphoné c’était à l’âge de 16 ans, à mon premier voyage à Paris, en 1950. Quand a-t-on eu le téléphone aux Gaumes ? Je ne me rappelle pas. L’appareil était dans la salle de séjour et les conversations, surtout à l’heure des repas, ne pouvaient guère être discrètes.
Plus tard ce fut les surprises-parties, les piques-niques de jeunes etc... etc... Il n’était pas moins évident que nous pouvions toujours amener quelqu’un que ce soit pour une brève visite ou pour un séjour – dans la mesure où nous respections les règles de la génération des parents, ce qui n’était pas toujours évident. (photo vélos) Un été, à mon retour d’une année en Angleterre en passant par Amsterdam voir une amie, j’avais trouvé normal d’inviter aux Gaumes toute la famille des Hollandais chez qui j’avais passé quelques jours. Ils étaient cinq. Ils m’avaient ramenée en voiture depuis Amsterdam en profitant pour aller voir ce qui était le pays de leurs ancêtres. En arrivant je découvris qu’il y avait au même moment une autre famille de passage, les Dessalien, anciens amis du Maroc, cinq personnes également. Tout le monde trouva à se loger. Même le divan ancien du salon fut utilisé. Le lendemain, cette hollandaise aida maman à me faire en un jour une robe longue pour le bal des 18 ans de Marie-Hélène de Montferrand. J’y emmenai mon amie hollandaise. Le diner avait lieu dans le souterrain et nous avons dansé dans les salons du château avec toute la joie de nos 18 ans.
Que de gens sont passés dans cette grande pièce où nos parents étaient assis après chaque repas chacun d’un côté de la cheminée ! (photo des parents et de la cheminée). Lorsqu’il s’agissait d’une occasion un peu spéciale, après le café, papa allait chercher ses bouteilles dans l’armoire du coin. Il ne comprenait plus rien quand sa fille de 20 ans, Nicole, choississait un cognac au lieu d’une liqueur de dame. Et une autre de ses filles voulait étudier la politique. Le monde à l’envers !Une année il nous installa un filet de volley-ball. Cela ne fut pas un grand succès. Cela le chiffonait que nous ne puissions jouer au tennis aux Gaumes. Lui-même avait beaucoup joué, que ce soit sur le tennis de fortune fait dans les années 1930 sous la terrasse (photo) ou à Jean-du-Claud, chez sa belle-mère, plus tard au Maroc. Les nouveaux propriétaires de Jean-du-Claud, les Dickson, nous permettaient bien de venir jouer à notre gré sur le tennis qui avait été celui de nos parents. Néanmoins, Gaëtan voulait nous aménager notre propre tennis. Il le fit finalement vers la fin des années cinquante. Il ne pouvait se permettre de le faire que de la facon la plus simple possible. La surface nécessaire fut aplanie dans le pré de l’étang, une plaque de goudron étendue dessus, un grillage dressé autour et voulà. Ce fut quelques belles années avec cet ensemble étang et tennis. Une lutte incessante devait être menée contre la force des mauvaises herbes s’immiscant à travers le goudron. C’était peine perdue et peu à peu la prairie regagna le terrain. Le grillage subsista, préservant un espace où l’herbe poussait librement, puis les buissons et enfin de véritables arbres. I l y a maintenant près de l’étang un bois bizarre de parfaite forme rectangulaire.
Une autre époque 1960-90 : Jeunes ménages et petits enfants
Gaëtan et Ginette virent les 29 petits-enfants arriver entre 1957 à 1986. Dans les années 60, Gaëtan et Ginette encore en pleine activité, Brigitte et Véronique adolescentes, les Gaumes voyaient arriver l’été quatre ou cinq familles avec jeunes enfants venant de divers coins de France, du Maroc, d’Angleterre, d’Autriche et, plus tard, de Suède. Nous trouvions tout à fait naturels d’être tous recus chez les parents avec notre marmaille. Dans les nombreux bons souvenirs de cette grande maison il faut compter « la petite salle à manger », aménagée dans la pièce qui fut la chambre de Brigitte et Véronique enfants. Maman arrangea cette pièce pour les repas des petits-enfants. Ils devaient bien être une dizaine. Elle établit une liste de règles amusantes qu’elle épingla au mur. La pièce a directement accès sur la cour. C’était épatant de pouvoir donner à manger aux enfants loin de la salle à manger des adultes où régnaient d’autres règles puis de les laisser s’échapper dans la cour pendant qu’à notre tour nous pouvions déjeuner tranquillement dans la grande pièce. Je me souviens de l’étonnement de Mélina devant Caroline, alors 18 mois, qui pouvait réclamer verre après verre de lait frais, le lait que l’Oncle Guy venaient de traire. « Mais cela ne peut pas être bon pour cette enfant de boire tant de lait ! Elle est bien assez grande pour boire autre chose. Il lui faut de l’eau colorée par un peu de vin. Cela donne de la force » Et papa venait parfois faire un tour et insistait pour que chacun de nos enfants ait sa tranche de pain, habitude inconnue des pays où nous vivions, que ce soit l’Angleterre, l’Autriche ou la Suède.
Longtemps tous les repas étaient pris à la grande table gothique de la salle de séjour.
Bien plus tard, la petite pièce rajoutée en 1948 à côté de la cuisine comme chambre de Max fut transformée en salle à manger de tous les jours. Elle devint de plus en plus sombre et humide. Dans les années 2000 et à la prochaine rénovation elle fut transformée en préau. Là encore ce fut un travail énorme de détruire des contreforts en béton qui avaient été rajoutés lorsque ce petit bâtiment s’écartait du mur principal à la suite des premières années de sécheresse des années 1980...
La grande maison a été la maison d’enfance de Brigitte et Véronique. Véronique est née dans la grande maison elle-même, comme d’ailleurs Bertrand de Beauchaine 5 ans avant, en 1946, à l’époque où son père, Jacques de Beauchaine s’occupait des Gaumes. Comme une des soeurs ainées, je me rappelle d’elles comme les deux petites soeurs que nous retrouviosn aux vacances. Je me souviens avoir été chargée un été de m’occuper de Véronique bébé. Elle avait donc 9-10 mois. J’étais fière d’avoir obtenue cette tâche. J’avais 14 ans. Chacun de nous, les grands, avait eu une tâche attribuée par Maman, aide à la cuisine, ou au bois, sans doute aussi aide avec Brigitte qui avait alors 4 ans. Et bien que ma tâche incluait des aspects moins drôles comme de laver les couches, je trouvais que j’avais eu la part du roi.
C’est à la naissance de Véronique en 1950 que Mélina revint au service de nos parents. Elle avait été de longues années au service de Gaëtan et Jacqueline à Jean-du-Claud, elle avait soignait Jacqueline et s’était occupée de nous, les 5 enfants, ayant aussi ses deux propres enfants, elle m’avait servi de mère puisque, la plus jeune des cinq, j’avais été privée des soins de ma propre mère malade de TB dès l’âge de 14 mois. Mélina alliait bonté et finesse. Lorsque notre grand-mère de Beauchaine nous prit en charge au départ de Gaëtan au Maroc en 1941 nous quittâmes Jean-du-Claud et Mélina retourna dans son village. Ce fut une joie quand nous apprîmes qu’elle revenait 10 ans plus tard. Elle resta chez nous jusqu’à sa retraite vers 1965. Dans la grande maison elle habitait la petite chambre à côté de la cuisine, faisant sa toilette le plus discrètement possible dans la cuisine tôt le matin quand tout le monde dormait ou avec une cuvette dans sa chambre minuscule. Mélina nous montra beaucoup d’affection. On se sentait bien assis dans la cuisine, apprenant les rudiments de la cuisine traditionelle en la regardant faire ou bavardant avec elle de mille questions sur la vie et la nature. Elle avait une grande sagesse. Elle aimait lire des livres de toutes sortes. Le jour de ses 100 ans, ce fut une énorme pile de livres qu’elle recut en cadeau, riant elle-même à l’idée qu’elle n’arriverait guère à les épuiser. J’avais eu le privilège de l’interviewer pour un travail d’ethnologie dans les années 80. Elle me raconta alors la vie d’un village au début du siècle. Elle appartenait à une famille de fermiers relativement aisée. Néanmoins la garde des moutons et des chèvres qui lui incombait passait avant l’école qu’elle aimait pourtant beaucoup. Son instituteur voulait la présenter au certificat d’études avec un an d’avance mais cela échoua pour une question pratique. Dès l’âge de 12 ans elle fut « placée » au service de diverses familles. Elle mourut en janvier 2001 à 101 ans. Le 31 juillet de la même année, en Suède, une fille naissait chez Dominique et Camilla et elle recut le nom de Mélina, par hasard, dit Dominique. Il connaissait un peu Mélina, avait entendu parler d’elle, toujour sen bien, mais n’a pas consciemment fait le rapprochement en choisissant le nom.
Après quelques années il devint évident que la grande maison ne pouvait vraiment plus recevoir tous ces ménages avec leur nombre d’enfants s’accroissant sans cesse. Brigitte s’était mariée en 1970. Nous avons commencer à émigrer dans les autres maisons. Nous avons d’abord utilisé « la buanderie » dans la cour, dite plus tard « la petite maison », comme cuisine-salle à manger pour les jeunes ménages, surtout pour les repas des enfants (cf photos) Bonne-maman (Marie de Beauchaine) est morte en 1972, laissant le Chalet disponible. Les enfants des différentes familles se groupaient en général par âge pour chambres à coucher, repas et excursions. Les cousins étaient nés rationellement : après les ainés (Hugues de Revel et Marie-France Verley) venaient une série de garcons (Thierry et Luc de Revel ainsi que Benoit du Plessis. Les filles ensuite : Joëlle du Plessis et Laurence du Plessis, Bénédicte de Revel, Caroline Sjögren. Ce fut à nouveau les garcons, 4 cousins en 18 mois : Gilles de Revel, Dominique Sjögren, Stéphane de Beauchaine, Aymeric Verley. Et enfin 4 garcons en 7 mois : Philip Sjögren, Hubert Verley, Didier de Revel, Médéric de Beauchaine. Ceux-ci passent la barrière des 40 ans ces temps-ci. Viendront ensuite quelques petits derniers chez nous les ainés (Gonzague de Beauchaine, Alexandre Verley, David Sjögren) ainsi que les enfants de Brigitte (Sophie, Christophe, Geoffroy et Thierry) et de Véronique (Blandine, Armelle, Maÿlis et Arnaud). Avec deux générations successives d’une trentaine de cousins et une tradition de maison ouverte, les Gaumes n’ont jamais manqué d’enfants pour faire des cabanes, jouer dans la grange, grimper aux arbres et casser des pinious.
Gaëtan et Ginette ont donc vécu près de 50 ans dans la grande maison. Elle vieillit avec eux. Le chauffage à gaz avait été installé. La cheminée de la salle de séjour fut fermée pour n’avoir qu’un poèle gardant bien la chaleur, un « insert » dont les portes s’ouvraient, ce qui permettait, tout en brûlant beaucoup moins de bois, de profiter de la vision du feu. C’était sage - et même évident. Mais à nos brèves visites en hiver, nous regrettions les grands feux de bois allumés avec un fageau de petit-bois et entretenu avec d’énormes bûches entreposés dans le coffre gothique. Nous regrettions le thé avec les grillées sur la braise, tartinées ensuite avec des rillettes. Dans la cuisine la cuisinière à bois de la cuisine resta presque jusqu’à la fin la source principale de chaleur, la cuisinière à gaz n’étant qu’un appoint. Bien au delà de ses 80 ans, Gaëtan allait tous les matins remplir sa brouette de bois et l’amenait dans la cuisine, ayant aménagé un système de planches pour lui faire monter les quelques marches de la porte d’entrée. Le toit fuyait et lorsqu’un orage éclatait un certain nombre de seaux et casseroles appropriés étaient mis aux endroits nécessaires. Un jour je parlais à papa, qui avait alors 86 ou 88 ans, de la nécessité évidente de faire refaire les toits de la grange et de la maison. Il argua d’abord du manque d’argent. Je lui dis que, n’ayant plus de filles à marier, le vieil argument pour conserver des bois à couper, il pouvait puiser dans ses réserves de bois, d’ailleurs entrain de devenir trop vieilles. Il reconnut que c’était vrai mais ajouta quelque chose de ce genre: « Mais, ma petite fille, je n’ai plus la force d’arranger tout cela, prendre contact avec des acheteurs, disucter des prix, faire venir des ouvriers, avoir un chantier pendant des semaines, etc... non, c’est trop. » Je ne rajoutai rien, confuse de n’avoir pas compris. Je fus ensuite touchée chaque fois que je vis mon père veiller à l’entretien des Gaumes suivant les forces de son âge : couper la vigne vierge, tailler des buissons, rafistoler un volet, remettre quelques tuiles. Je l’ai vu une fois aller inspecter le toit du garage, marchant avec l’aide d’une canne. Peu après il était grimpé sur ce toit et tenter de faire une réparation mineure. Les maisons ont le droit de vieillir au rythme des leurs occupants. Et, au changement de génération, les grands travaux sont alors mis en route, mieux adaptés aux besoins et au goût des nouveaux occupants.
Gaëtna se désolait parfois ouvertement à l’idée de ce qui arriverait après lui. Personne ne voudrait reprendre les Gaumes. Ginette appuyait en parlant « du tas de ruines » que les Gaumes étaient. Mais elle fut amusée et nous le raconta quand le site des Gaumes fut une fois mis sur le circuit des jolies choses à voir pour un groupe d’amateurs de vieilles pierres.
Je rêve quelquefois au plaisir que ce serait de montrer à nos parents les travaux multiples qui ont été faits de tous côtés après leurs départs, plaisir qui serait sûrement mitigé par des soupirs devant de si folles transformations.
Troisième génération dans la grande maison, à partir de 1995-96
Gaëtan est mort en mars 95, Ginette deux ans plus tard. Elle a vécu quelques mois seule dans la grande maison, Bien que Micheline soit à quelques centaines de mètres de là et s’occupe de tous les repas, il apparut bientôt que c’était impossible. Nicole prit sa mére en charge jusqu’à la fin, au Bouet, centre social où elle travaillait et habitait,.
Dans les partages des Gaumes faits en 1996, la grande maison avait été attribuée à Annick. La maison n’étant pas alors disponible et les réparations nécessaires laissant prévoir qu’elle ne le serait pas encore pendant plusieurs années, la petite maison de la cour, dite la Buanderie, fut également mise dans ce lot.
L’essentiel fut immédiatement mis en route : une complète rénovation de l’électricité. Une vieille dame ne pouvait vivre seule dans cette maison avec au-dessus de sa chambre un grenier vétuste où des conduits électriques vieux de 60 ans courraient le long des poutres.
L’essentiel fut immédiatement mis en route : une complète rénovation de l’électricité.
Les fils électriques courraient quasiment à nu sur les poutres dans le grenier. La presque totalité des interrupteurs et prises était obsolète et avait été remplacée au fil du temps par du matériel de provenance diverse. La plomberie était dans un triste état et fut donc refaite dans la foulée. Le peu de pression du système de distribution d’eau permettait des réparations de fortune (un bout de chambre à air suffisait pour boucher un trou dans la tuyauterie) mais lorsque l’eau de la ville a été branchée, les dites réparations ne tenaient plus et l’inondation assurée. Pascale Bergovits, la compagne d’Aymeric Verley se chargea de la tâche délicate de tout refaire sans encore trop savoir comment un jour ou l’autre la maison serait transformée.
La réparation de la toiture vint après. Eglise Neuve, la commune des Gaumes, a un excellent entrepreneur-menuisier, Jean-Pierre Defreix. Il a la passion des vieux toits et dans ses travaux de rénovation il essait au maximun de respecter le style traditionnel du Périgord. Il garde le plus grand nombre de vieilles tuiles possible pour des raisons à la fois esthétiques et pratiques. Il assure que celles-ci sont bien mieux résistantes au gel que les tuiles modernes et il en recherche la formule de fabrication, en vain jusqu’à ce jour. Mais le plus grand problème avec cet artisan est le temps. Il promet et promet, semaine après semaine, année après année. Pour notre toit, projet aussi urgent qu’important, il fallut attendre deux ans. J’avais longuement discuté avec lui comment faire les fenêtres à ouvrir dans le grenier. Après beaucoup d’hésitation, nous avions décidé de les faire en accord avec la fenêtre de la grange dans la cour, c’est à dire avec un simple entourage en bois. Ce ne fut pas très réussi. En effet l’isolation contraignit à des bords plus épais que prévu. De plus, la fenêtre de la chambre du coin, qui est en dénivelation de 45 cm sur le reste de la maison en facade, fut prolongée en longueur, solution guère heureuse non plus. Néanmoins l’ensemble est chaud et sympathique. Ce sera à la prochaine génération de réparer ces erreurs.
La salle de séjour redevint la grande cuisine qu’elle était jadis. C’était alors la vie de la ferme qui donnait un rôle central à la cuisine. Deux générations plus tard, c’est la vie des jeunes ménages actuels qui amènent au même choix. La terrasse adjacente à cette grande pièce était un argument de plus pour une fusion des activités de cuisine et de séjour. Pendant quelques années, les soirs d’été, en attendant d’avoir la table de jardin nécessaire, on sortait la grande table gothique pour diner en profitant de l’espace de la terrasse et des couchers de soleil.
Les chambres du grenier furent rénovées, une de plus construite. Une nouvelle salle de bain fut faite à l’emplacement où Gaëtan avait installé la salle de bain de fortune. L’escalier fut changé de place, permettant ainsi l’ouverture d’une fenêtre supplémentaire dans la grande pièce, rêve non réalisé de Ginette. L’ancienne cuisine devint une vaste entrée, un luxe que permet la superficie de la maison. Comme la vieille cuisine, elle ouvre à la fois sur la cour et donc l’entrée des lieux mais aussi sur l’arrière de la maison. Elle donne ainsi accès à la véranda aménagée en ouvrant la petite pièce au toit jamais vraiment étanche. On peut y avoir les petits déjeuners au soleil du matin. Plus important pour la vie des vacances, cet endroitdonen sur la piscine. Dernièrement, au printemps 2006, la partie qui était jadis celle des parents, c’est à dire de Gaëtan et Ginette, vient d’être transformée et pourra servir de quartiers d’hiver confortables pour un ménage. La télévision a été installée dans le « petit salon » réaménagé dans ce but. Finie la paix des vacances sans télévision ! Mais les adolescents de la grande maison n’ont plus besoin de squatter les tv-video des maisons avoisinantes.
La piscine, aménagée sur la prairie même où, dans les temps anciens, il y avait eu un jardin potager, illustre le passage du rôle de la campagne de l’agriculture aux loisirs. La piscine ne remplace pas l’étang mais le complète. Elle a moins de charmes, pas de canotage, pas de pêche, pas de constructions hétéroclites, sans compter un entretien très exigeant. Elle est quand même plus pratique, surveillance des petits, pas de vase ni de taon, eau claire et plutôt chaude. L’étang vient d’être curé et ses abords nettoyés. Il va sans doute redevenir le merveilleux terrain de jeux et de découvertes qu’il avait été pour plusieurs générations d’adolescents. Deux autres piscines, les deux démontables l’hiver, ont été mises en place, l’une au Chalet, l’autre chez Max et Marie-José. Les enfants, comme des vols de moineaux, peuvent aller de l’une à l’autre suivant les associations du moment par âge et affinité.
La grande maison est devenu avant tout une maison de vacances, d’utilisation très souple. Elle abrite bien des souvenirs. Deux tableaux d’ancêtres sont dans le salon (photo et noms). C’est maintenant aux enfants et petits-enfants à venir accrocher leurs souvenirs au mur.
LE PUITS
Le puits au milieu de la cour a 25 m. ( ?) de profondeur. Il n’a jamais été vu à sec.
Gaston de Beauchaine y fit bâtir une éolinne (cf photo). Elle amenait l’eau à un réservoir juste au-dessus de l’allée de tilleuls. À son tour ce réservoir alimentait les maisons de la cour et le Chalet ; cela au gré du vent. Les bâtiments de la ferme (les chambres de Guy et Paul) et du haut des Gaumes (chez les Lancesseur) n’étaient pas alimentés par ce réservoir.
Pendant de nombreuses années, Pierre de Lancesseur, le beau-frère de Gaston qui avait la petite maison du haut comme habitation permanente (cf photo) et sa femme « T. Marie Pierre », restaient donc dépendant du puits de la cour. Ils venaient tous les jours remplir une quantité de seaux en tirant l’eau au puits. Adolescents, nous les aidions à remonter la pente avec ces seaux. Ils finirent par construire une citerne adossée à leur maison. Ce fut une grande amélioration.
Gaëtan supprima l’éolienne vers 1955. Il installa un moteur électrique qui mettait en liaison la source près de l’étang et le réservoir. Les deux robinets installés à l’étage de la grande maison avaient une pression, c. à d. un manque de pression, qui établissait une hiérarchie de robinets en service.
L’eau communale fut le stade suivant du confort. Gaëtan l’accepta mais en garda le robinet fermé par mesure d’économie, sauf en cas de panne du moteur – avec la conséquence des tuyaux ne résistant pas à la pression de l’autre système.
Ce ne fut qu’avec les travaux de rénovation des années fin 90 que l’eau communale devint la normale et que l’on abandonna définitivement le moteur de la source qui d’ailleurs tombait régulièrement en panne.
Renouveau du puits : en 2004 Philip Sjögren installa un moteur d’appoint sur le puits pour arrosage et remplissage de la piscine.
Philip rêve de supprimer les lattes de bois autour du puits, ne gardant que le toit et les poutres, ce qui ferait une construction légère telle qu’en construit Stéphane. Sa mère, Annick, s’y oppose, trop de souvenirs étant liés à cet abri tel qu’il est. D’ailleurs, sa disparition enlèverait une cachette essentielle au jeu de la Patate.

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