Le four à pain des Gaumes
Jusqu’à la naissance de Thierry (novembre 1981) nous passions la plupart de nos vacances d’été dans la grande maison avec mes beaux-parents et prenions donc nos repas avec eux. Ces derniers prenant de l’âge et nous mêmes souhaitant prendre un peu de distance et de liberté pour l’organisation de notre temps de vacances aux Gaumes, nous avons alors installé la buanderie en pièce à vivre (cuisine, salle à manger et ….salon). Cela nous permettait de prendre nos repas « chez nous » et même de recevoir les uns et les autres . Un coup de badigeon blanc sur les murs, de peinture rouge sur le carrelage, la pose d’une cuisinière à gaz et le branchement d’un frigidaire et nous nous installâmes. Nous avions fait l’acquisition d’une belle table de ferme auvergnate auprès d’ami parisien et avec des bancs de fabrication « maison », quelques chaises récupérées, l’ameublement fut complet.
Cette pièce possède une cheminée qui se trouve être le conduit d’évacuation de la fumée du four à pain. Celui-ci avait une porte qui ne s’ouvrait plus .Avec l’accord de mon beau-père (et de ses conseils avisés) je décidai de rouvrir la porte et entrepris quelques travaux de consolidation de la façade du dit four. Je découvris alors l’intérieur de ce dernier. Il est composée d’une voûte arrondie en brique d’une profondeur de près de deux mètres pour une hauteur en son centre de près de 80 cm. La voûte avait l’air en bon état malgré quelques briques manquantes.
Je me mis alors dans la tête l’idée de le remettre en service . Mon beau-père consulté me répondit en levant les bras au ciel « Quelle idée mais après tout pourquoi pas, mais je ne sais pas trop comment ça marche » A mon avis, il le savait sûrement mais ne voulait pas trop me voir me lancer dans cette aventure. Nathalie, alors interrogée m’a dit que la dernière fois que ce four avait servi et fonctionné était à l’occasion du mariage de Tante Simone et de Jean de Bonfils-Lavernelle (en septembre 1931) . Nous étions en Août 1982, cela faisait donc un demi-siècle que ce four n’avait pas été utilisé.
Un matin de bonne heure et avec les conseils de Nathalie, je commençai à remplir le four de petits bois et j’ y mis le feu avec une certaine appréhension. Ma grande crainte était de mettre le feu à la toiture en provoquant l’effondrement partiel ou total de la voûte. Par précaution, j’avais amené le tuyau d’arrosage dans les toilettes de la cour d’où, en montant sur un escabeau, je pouvais surveiller le dessus de la voûte et j’étais donc prêt à déverser de l’eau sur tout début d’incendie. Benoît, faisant office de boulanger en second, dès que j’avais le dos tourné, mettait du bois dans le four et les flammes sortaient par la porte ; je n’étais pas très rassuré ; il faisait très chaud dans la buanderie et j’avoue que nous avons pas mal bu pour nous rafraîchir. Le four est considéré comme suffisamment chaud lorsqu’une feuille de papier s’enflamme spontanément dès son introduction dans le four. En milieu d’après-midi, cela fut le cas. Après avoir retiré les cendres j’ai commencé la cuisson de la totalité des plats que m’ont apporté les unes et les autres ( pains, tartes, pizzas, tourtes aux pommes de terre et d’autres choses dont je ne me souviens pas).
Le soir, pour le dîner, tous les Gaumes étaient invités à partager ma cuisson. Nous étions près d’une trentaine ; la tribu Verley, les du Plessis, quelques Revel et Sjögren, oncle Jacques et oncle Guy etc…. sous la présidence des beaux-parents. Nous avons dégusté beaucoup de plats plus ou moins cuits . Ce fut une très bonne journée et il m’a été remis le diplôme de mitron des Gaumes (diplôme dont je suis très fier ). En 1983, puis en 1985 et 1986, nous avons recommencé la journée « four à pain des Gaumes ». Ce fut à chaque fois des bons moments partagés en famille.
Puis nous avons quitté la buanderie pour nous installer quelques temps au Châlet avant d’acquérir Pyraine. Max a alors entrepris des travaux à la buanderie et le four à pain fut de nouveau mis en sommeil en attendant que ses nouveaux propriétaires le remette en service mais cela est une autre histoire.
Luthold